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Alchemia
9 mai 2007

Fides mea

archange__plor_

Il y a des choses auxquelles il ne faut pas demander de restes, parce qu'elles ne mangent pas de pain.
De mon enfance insoucieuse du christianisme à mes doutes de jeune pubère, je ne savais pas ce que je faisais. Ma puberté m'a placé au coeur de la croyance : croire ou ne pas croire, telle était ma question. J'ai alors écrit : "Ne crois pas en Dieu, ou aux dieux... mais crois."
Une pression sociale et familiale m'a poussé à faire ma profession de foi et ma confirmation, auxquelles j'ai su prendre goût malgré le traditionnalisme des vicaires, malgré la religiosité des pratiques, malgré tout le fatra des rituels. J'ai alors fini par écrire : "Je ne viens d'aucun pays / Je n'appartiens à aucune religion / Ma culture est celle de l'imagination / Et ma foi est en la vie."
Et puis j'ai lu des philosophes, et parmi eux Nietzsche, essentiellement, qui m'a dissuadé de croire et m'a laissé croire que j'étais Dieu.
Ensuite j'ai connu un séjour parmi des protestants, au cours duquel j'ai eu la sensation radieuse d'avoir rencontré Dieu. C'est arrivé alors que je ponçais un poteau. J'ai alors voulu devenir curé, ou plutôt pasteur, parce que je n'étais pas fou au point de me priver de l'amour d'une femme et d'enfants dont la moitié du code génétique correspondrait au mien !
Mais je n'étais pas prêt à assumer tout ce que cette rencontre impliquait, et je suis redevenu athée.
Quoiqu'il en soit, je revenais peu à peu vers les Ecritures, notamment parce qu'une personne qui m'est chère m'avait offert un exemplaire de la Bible, traduite de l'araméen, de l'hébreu et du grec par l'Alliance Biblique Universelle. A partir de là, j'ai découvert tout un pan de notre culture que l'on s'acharne imbécilement à refouler sous des considérations scientistes.
Or c'est en humaniste que je me suis penché sur la Bible, en m'interrogeant sur la valeur humaine de tels mythes, légendes, symboles et prescriptions, avant d'en appréhender l'écho moral et l'élan vital.
Bien sûr, je ne restais pas comme un imbécile à croire tout ce que je lisais : je me suis plongé dans la lecture de magazines archéologiques, sociologiques, psychologiques et philosophiques traitant de religion, dans le pour comme dans le contre, de Science & Vie jusqu'au Traité d'athéologie de Michel Onfray, en passant par la démarche révoltée contre l'absurde d'Albert Camus. D'ailleurs, je n'en ai toujours pas fini avec cette démarche.
Je suis devenu alors monothéiste, simplement monothéiste, à la manière d'Abraham dans un certain sens : rien que monothéiste, juste monothéiste, sans fioriture ni gestes ou paroles ritualisés. Je continuais beaucoup à m'interroger, et comme l'islam est très controversé publiquement dans nos sociétés, je m'y suis intéressé et, cette fois encore, on m'a offert un exemplaire du Coran, traduit de l'arabe par Mohammed Chiadmi, un traducteur scrupuleux qui, dit-il, a placé tous ses efforts dans la transmission de l'idiome arabe en français - puisque le Coran n'est pur que lu, récité, entendu et compris dans la langue du prophète Muhammad. A noter que cette remarque est très juste, et qu'elle va de soi : n'importe quel texte est trahit par ses traductions... nous en savons bien des choses avec la Bible !
En lisant le Coran, j'ai été impressionné par la précision de la parole qu'il transmet : sans aucun doute, le Coran interpellait ma foi et l'encourageait.
Mais c'est à la même époque que j'ai rencontré mon ex, avec laquelle j'ai parcouru un an de ma vie. Elle était athée convaincue mais, en tant que ma foi était éclairée, elle la respectait. Quoiqu'il en soit, l'amour pour une communiste conjoint aux milieux sociaux que cela implique, déplace forcément mais insensiblement les centres d'intérêt.
Or si j'avais été conscient de ce déplacement et que je l'avais refusé à l'époque, je n'aurais probablement pas passé un an de ma vie à ses côtés. Le dicton est toujours autant d'actualité : "L'amour rend aveugle." Et j'ai envie d'ajouter : "L'amour de Dieu, aussi." Car c'est cette affectivité débordante chez les chrétiens convaincus qui m'a toujours posé problème, et en premier lieu chez Jésus lui-même.
Lorsque j'ai cheminé vers l'acceptation de Jésus en tant que tel, c'est vers l'attitude chrétienne que ma critique s'est tournée : Jésus était un homme qui s'est voulu Parole Incarnée, et finalement Amour de Dieu... Rien que de naturel, au fond, pour quelqu'un doué d'une telle sensibilité. Mais ce qui est moins naturel, c'est la façon dont l'Eglise a récupéré cette affection à son compte, laissant les humains à leur aveuglement pendant qu'Elle se réservait le privilège d'édicter la Vérité.
Ce contre quoi les protestants ont protesté légitimement, mais avec cette affectivité caractéristique des chrétiens convaincus qui, finalement, les rend aveugles.
Les plus lucides d'entre eux - Descartes, Pascal, Kierkegaard, entre autres - ont finalement réhabilité l'intelligence par la petite porte : elle doit soutenir la foi. Ainsi la science put fleurir en Europe.
Mais, il ne faut pas se leurrer, depuis le Xe siècle les musulmans développaient les sciences modernes, ces sciences que l'Eglise condamna jusqu'au point où elle dut admettre que ce n'était plus tenable... presque un millénaire plus tard ! De quoi mettre les Européens en rogne contre la religion ! D'ailleurs, il suffit de voir avec quelle affectivité débordante les Etats-Unis s'attachent à la religion. Les évangélistes ne viennent-ils pas de là-bas ? Soyez des agneaux, soyez des agneaux... D'ailleurs toujours, soulignons l'affectivité avec laquelle on la rejette sous convert de laïcité en Europe, cette même religion.
Et quant à moi, dans mon athéisme militant et persistant après ma séparation d'avec mon ex, je me suis penché sur des nouvelles que j'écris, les nouvelles de Prad.
Un raisonnement logique parfois, analogique d'autres, m'a conduit à admettre DIEUX. Il n'y a qu'écrit comme ça que je l'admettais sincèrement. DIEUX est le narrateur. Le verbe créateur - c'est ainsi que je pensais. DIEU sont l'Univers - je pouvais me permettre de penser ainsi avec le même rendu religieux.
Bien sûr je me suis rendu compte que tout cela était artifice de langage qui n'avait d'intérêt que pour ma démarche, c'est pourquoi je suis revenu à un "Dieu" classique mais pertinent.
Et finalement, la lecture curieuse, attentive et prolongée du Coran m'a ému, encouragé, finalement rendu plus lucide quant à la religion. Mine de rien, le Coran est un appel à la droiture, une droiture clémente, stricte, intelligente et lucide. Bref, il prescrit un code de conduite à méditer.
Voilà pourquoi, aujourd'hui, je professe ma foi : il n'y a de dieux que Dieu, et Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus, Muhammad... sont ses messagers. Et en tant que j'ai foi, je m'applique à comprendre la Parole de Dieu à travers les Ecritures, les témoignages et les écrits des croyants sincères.
Ma démarche est monothéiste, simplement monothéiste, strictement monothéiste, car c'est dans la lecture de la Torah, des Evangiles et du Coran que je trouve à comprendre ma foi. J'en appelle à Un Seul, il s'agit de Dieu.
Car il y a des choses auxquelles il ne faut pas demander de restes, parce qu'elles ne mangent pas de pain.

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