D'ailleurs straight
En seconde année de DEUG de Lettres Modernes, j'ai fait la connaissance
de O, dont le nom de famille est M comme j'y pense à l'instant, ce qui
fait OM et ça me fait bien rire... ce n'est pas quelqu'un qui aime le
foot sur le télécran, mais qui doit aimer le pratiquer avec des potes
pour le fun, lui qui est toujours complètement débraillé. La première
fois que je l'ai vu, j'ai pensé que c'était un bon à rien, une loque,
une merde, mais cette deuxième année nous étions posés sur notre banc
et nous avons commencé à parler des filles cucul la praline de notre
promotion, qui ne se prenaient pas pour de la merde, sauf le respect
que je ne leur dois pas... Avec O j'ai vécu du bon temps
devant le restaurant universitaire, à philosopher, littérariser de
façon critique, et enchaîner quelques binouzes.
En année de Licence, j'étais complètement déçu que la réforme
universitaire pour l'harmonisation européenne LMD supprime le mémoire,
car j'étais très impatient de mener un travail de recherche personnel,
approfondi dans la direction que j'aurais souhaité, celle de l'étude
d'André Gide dans un axe de lecture nietzschéen - car l'auteur était
influencé par Nietzsche, notamment dans l'Immoraliste que j'avais trouvé succulent.
Et dans cette blase profonde que j'éprouvais, j'éprouvais encore du
désamour qui aurait dû stopper ma relation avec Ju, mais bon il faut
croire que je tenais à mon complexe d'Empédocle - instinct de vie et
de mort par le feu, ici le feu de la passion.
C'est là au milieu de ma désorientation que je me suis plongé dans la lecture de l'Anti-Oedipe de Gilles Deleuze et Félix Gattari, sous-titré Capitalisme et schizophrénie,
où la question du désir individuel est conduite dans une direction
para-psychanalytique, vers les formes sociales et les devenirs-autre
qu'il développe. C'était excellent : je ne comprenais pas la moitié de
ce que je lisais dans les méandres des chapitres, mais j'y saisissais
un indicible complètement réorientant. Regret : j'aurais dû écouter
plus tôt l'indicible. « Progret » : il n'est jamais trop tard pour l'écouter.